Nathalie Goumaz, Secrétaire générale du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche
Nathalie Goumaz Demierre (*1965), mariée, a intégré les rangs de l’administration fédérale dès la fin de ses études. Elle a travaillé dans les états-majors de plusieurs conseillers fédéraux, essentiellement pour la préparation des dossiers du Conseil fédéral et du Parlement. Actuellement, elle est la secrétaire générale du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche, dirigé par le Conseiller fédéral Guy Parmelin. La secrétaire générale préavise les dossiers politiques du département, gère les ressources (budget, personnel et informatique) et les défend au sein des commissions parlementaires ; elle coordonne les affaires avec les autres départements et le Parlement.
(juillet 2020)
Quelles disciplines avez-vous étudiées et dans quelle université ?
J’ai étudié les sciences de l’Antiquité à l’Université de Fribourg. Mes branches d’études étaient le grec, le latin, l’histoire ancienne et l’archéologie classique.
Quand avez-vous commencé à vous intéresser aux sciences de l’Antiquité ? Avez-vous vécu une expérience clé qui a été déterminante pour le choix de vos études ?
Déjà à l’école primaire et avec mes parents, j’ai eu l’occasion de visiter plusieurs fois les vestiges d’Avenches, début sans doute d’une vocation.
Lors de mes études secondaires au Collège de Payerne, j’avais des profs de latin et de grec épatants. J’ai ainsi eu l’occasion de faire à 15 ans un voyage d’une semaine en Grèce avec ma classe de grec (cinq étudiants), pendant les vacances. Nous étions très motivés car nous avons travaillé pendant l’été pour payer les Fr. 800.- (sic !) que nous devions débourser pour le voyage. Et durant un autre été, pour un concours de vacances, j’ai eu la chance de participer à des fouilles à Avenches.
Aviez-vous avant vos études un profil professionnel précis en tête, avez-vous eu des modèles ?
J’avais envie de faire des fouilles et de devenir archéologue ou d’enseigner dans une école. Comme dit plus haut, j’ai eu la chance d’avoir des professeurs très motivants, au Collège de Payerne et au Gymnase d’Yverdon.
Comment avez-vous vécu vos études, qu’est-ce qui vous a particulièrement plu ou fait plaisir et qu’est-ce qui vous a au contraire causé des difficultés ?
A Fribourg, le séminaire était très petit, et j’ai pu bénéficier d’un enseignement très personnalisé. J’ai également pu étudier en deux langues, allemand et français.
Pour quelles raisons conseilleriez-vous à un/e gymnasien/ne de choisir des études dans le domaine des sciences de l’Antiquité ?
Il apprend la rigueur intellectuelle, la recherche infatigable dans un domaine parfois austère, pour découvrir finalement des perles. Et il découvre très vite qu’il faut maîtriser plusieurs langues (surtout le français, l’allemand, l’anglais et l’italien).
Pourriez-vous nous raconter brièvement votre cheminement professionnel après vos études ?
N’étant plus certaine de me lancer dans l’enseignement, et la voie d’une carrière dans l’archéologie étant semée d’embûches, j’ai décidé de faire un stage à la Confédération suisse auprès du Conseil suisse de la science. Je devais rédiger des publications, des procès-verbaux, effectuer des recherches documentaires, etc…
Puis j’ai eu la chance d’entrer dans l’état-major du Conseiller fédéral Ogi pour préparer les dossiers du Conseil fédéral et faire des discours. Depuis, je suis restée dans les états-majors de conseillers fédéraux (Ogi, Delamuraz, Couchepin, Deiss, Leuthard, Schneider-Ammann) avant d’être nommée secrétaire générale du département de M. Parmelin, d’abord à la défense, puis à l’économie.
Pourriez-vous nous décrire brièvement votre activité professionnelle actuelle, en mentionnant les aspects que vous appréciez en particulier et ceux qui vous plaisent moins ?
Il s’agit avant tout de conseiller le chef du département dans les dossiers politiques, mais également de préparer les dits dossiers avec les différents offices et spécialistes. J’apprécie particulièrement l’agilité intellectuelle que la palette des thèmes traités exige ainsi que la conduite du personnel (le secrétariat général que je dirige compte une centaine de collaborateurs).
Qu’est-ce que vos études vous ont apporté d’utile pour votre activité actuelle ?
La rigueur et l’honnêteté intellectuelle, la rapidité de compréhension des sujets, l’aisance dans la rédaction et la capacité de travailler de manière interdisciplinaire me viennent certainement de mes études classiques.
Quelles sont les connaissances et les capacités qui sont essentielles pour votre vie professionnelle actuelle et que vous avez acquises en dehors du contexte de vos études ?
Mes activités extraprofessionnelles, au sein d’un parti politique et d’une société de musique m’ont appris à conduire des gens, et à les entraîner toujours vers d’autres défis.
Rétrospectivement, quelles conditions vous semblent importantes pour faire des études dans le domaine des sciences de l’Antiquité ? Et quels résultats ou quelles réalisations se sont révélé(e)s pertinent(e)s pour vous après les études ?
Il est nécessaire d’être très exact et rigoureux, d’avoir de l’endurance pour l’apprentissage, d’avoir une bonne mémoire et d’être plein d’humour et d’autodérision. Il faut en avoir pour assumer des études dans le domaine, face à ceux qui font le droit ou la médecine.
Avez-vous eu de la facilité à trouver un emploi après vos études ?
Oui à l’époque ce fut facile – surtout que j’étais prête à travailler dans une autre langue que ma langue maternelle. Les Romands restent recherchés de l’autre côté de la Sarine.
Dans le cas où vous exerceriez une activité sans rapport direct avec les sciences de l’Antiquité, pourriez-vous nous dire dans quelle mesure le lien avec celles-ci vous manque dans votre quotidien professionnel ?
Parfois, j’aimerais retrouver dans ma tête les citations, les auteurs, les textes que je connaissais par cœur, et traduire sans peine mes classiques. J’ai un peu perdu la main, et face aux jeunes étudiants j’ai une certaine frustration.